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Le blog des "Enfermés Dehors"

Le handicap, de l'ombre à la lumière

Rencontre au CPN Laxou

Publié le 31 Mars 2014

Le handicap psychique, c’est le cancer de l’esprit qui te prend toi, ton corps, ta personnalité, ton esprit, ta manière de percevoir, d’agir et de vivre

« Les anxieux, des gens qui nous ressemblent »

Ce jeudi après-midi, rendez-vous au CPN de Laxou (Centre Psychothérapique NANCY) pour rencontrer le Dr Aïm, psychiatre.

Nous sommes 3 du collectif « Enfermés dehors », Aurélien, Dominique et Joëlle.

Et dire qu’il y a encore quelques années on appelait l’hôpital un « asile » !!

La schizophrénie et la bipolarité sont les principales maladies psychiques touchant chacune 1% de la population (soit environ 600 000 français chacune)

Mais il existe d’autres handicaps psychiques (la désignation existe depuis 2005)qui peuvent être dus à d'autres troubles (troubles du sommeil, troubles anxieux, du comportement alimentaire, paniques, phobies, TOC, la dépression...). "La maladie n'est pas le handicap "en soi", le handicap est l'incapacité due à la maladie, qui se heurte à l'activité sociale impossible, à l'inaccessibilité. La maladie devient handicapante si elle empêche de travailler, d'avoir des relations satisfaisantes aux autres, etc. "

Un mouvement des années 60 des « antipsychiatres » à apporté beaucoup sur les avancées d’aujourd’hui. "Ils étaient militants, ils ont vraiment insisté sur le fait que souvent c'est la société qui n'est pas adapté au 'fou' et qui ne le tolère pas..."

L’efficacité des nouveaux médicaments ou les nouvelles thérapies ont permis de "sortir de l'hôpital" et de constater les handicaps que mettait en évidence la "réhabilitation". La« psychoéducation »a été mis en place pour mieux informer les patients mais également la famille, il leur permet d’apprendre à (re)connaitre la maladie et les symptômes. Donc moins d'hospitalisations en perspectives, ce qui a pour conséquence une baisse significative du nombre de lit à l’hôpital et donc force aussi les services à ne pas aller vers la solution de facilité de l’hospitalisation mais au maintien le plus possible à l'extérieur, dans la "vraie vie".

« La réhabilitation des patients est difficile mais plus par manque de moyens humains que de moyens techniques »

Là aussi on peut parler d’amélioration des soins par ce nouveau lien crée avec la famille, par exemple, un programme développé en Alsace « Pro famille » est une psychoéducation réservé aux familles.

Le handicap psychique est instable de par la force des phases de « décompensation » et est souvent confondu avec le handicap mental qui lui est stable de par son éta et beaucoup moins "médicalisé"t.

« Les médicaments et les thérapies aident à mieux vivre, et certaines maladies (comme les dépressions ou les troubles anxieux) peuvent se sortir d'affaire complètement. Il est vrai que pour les maladies comme la schizophrénie par exemple, il y a peu de chance d’en guérir totalement, mais on peut soigner! »

Fait étonnant, d’un point de vue qualité de vie comparative on peut dire en moyenne que les schizophrènes vivent mieux le quotidien que les bipolaires... En effet, le schizophrène vivant avec des rituels indispensables peut stabiliser sa vie quotidienne, mais souvent, un bipolaire avec ses phases maniaque puis dépressive, qui n’est pas compris de son entourage, prend des risques "sociaux" et peut par exemple perdre son conjoint, son travail...

Le handicap psychique n’est pas handicapant par la maladie mais par ses conséquences du quotidien, pour améliorer l’accessibilité de ce handicap il faut réussir à régler les problèmes de perception et de relationnel avec autrui, les stigmatisations et l’intolérance lié à ce handicap.

Le schizophrène n’est pas un tueur en série! Même si une petite minorité peut passer à l’acte, en moyenne un patient schizophrène n’est pas plus dangereux que quelqu'un de non-malade. Ce sont eux au contraire qui ont 11 fois plus de plus de chance d'être victime, c'est entre autres du fait de la stigmatisation et l’intolérance de la maladie.

«Le 'fou du village' a toujours existé, il faisait partie de la vie quotidienne de la commune, mais aujourd’hui ce n’est plus tolérable dans notre société »

Dans les unités de soins, il est dommage que les soignants en psychatrie ne travaillent pas mieux avec les soignants du corps (même si c'est en progrès!). Parfois les "psys" oublient le corps et parfois les soignants du corps oublient la dimension psychique.

« Appeler un psychiatre parce qu’un patient pleure et déprime et pour lequel on peut soupçonner une maladie psychique, d’accord, mais s’apercevoir que le patient "qui pleure" vient de se rendre compte qu’il ne pourra plus travailler ou jouer avec son fils parce qu’il a perdu 3 doigts sur une machine-outil vous fait dire que ce n'est pas une question de psychiatrie mais d'accueil de la dimension psychique du patient...et paradoxalement ne pas savoir recevoir un patient schizophrène blessé est dommage »

Nos pensées personnelles sont ce qui il y a de plus intime chez l’homme, comme beaucoup de monde, il est extrêmement difficile voire impossible pour un schizophrène d’expliquer ce qu’il a dans ses pensées, surtout quand il ne les comprend pas lui-même. Par comparaison il est plus difficile d’aller chez le psy que chez le gynéco.

« Un gynéco met 15 minutes pour voir une partie intime d’une inconnue, le psy bien plus longtemps à percevoir l’intime de son patient. La confiance est fondamentale entre soignant et soigné. »

Rencontre au CPN Laxou
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